Mballo Dia Thiam, SG du SUTSAS : Le vieux étudiant et ses diplômes
Il a déjà soufflé sur ses 53 bougies, mais sa pugnacité syndicale est restée intacte, malgré quelques embûches mises sur le compte de la jalousie ». Aujourd’hui, Mballo Dia Thiam qui jouit du respect et de la confiance de ses compagnons de lutte, qui lui ont renouvelé un nouveau mandat de trois ans à la tête du Sutsas en avril dernier, continue de collectionner des diplômes.
Bousculade devant la porte d’un bureau cossu sis à l’Hôpital des Enfants Albert Royer. A l’intérieur, le maître des lieux, bien niché dans son fauteuil huilé, répond au nom de Mballo Dia Thiam. C’est le SG du Syndicat Unique des Travailleurs de
Invité à dérouler le film de sa vie, l’homme commence par son cursus scolaire qui semble faire sa fierté : en 1962, il entre à l’Ecole élémentaire de Diamaguène pour y décrocher, 8 ans plus tard, un CEP qui lui ouvre les portes du Collège de Pikine 10 appelé à l’époque Baba Gangué. En 1974, le BEPC en poche, il est admis à l’Ecole des Agents sanitaires de Saint-Louis. Une année plus tard, ce natif de Mbour, qui a grandi dans la banlieue dakaroise, va faire ses premières armes à la circonscription médicale de Nioro du Rip, jusqu’en 1977.
Nostalgique, il se souvient d’avoir eu « la chance de côtoyer de grandes personnalités dans le milieu ». Un milieu qu’il va quitter pour des études à l’Ecole Nationale des Assistants sociaux et Educateurs Spécialisés, devenue Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés. C’était durant l’année académique 1978-1979. En 1981, Mballo Dia Thiam qui se présente comme « un syndicaliste inné » obtient un diplôme de psychopathologie au Centre universitaire de Fann.
Enfin quand M. Thiam « croit en quelque chose, il fonce », témoigne Saliou Faye Daff, Secrétaire général du Syndicat Autonome de
Souvenirs
Alors considéré comme « suffisamment mûr », il est affecté à l’Hôpital Régional de Ziguinchor, où il travaillera au Bureau des Entrées, avant de devenir Adjoint au Chef du Service social, ensuite Responsable de la banque de sang. Ce passage en pays Diola a « nettement contribué à la formation syndicale du Patron du SUTSAS », au point qu’aujourd’hui « il a une maîtrise parfaite du mouvement syndical, de
Parmi les souvenirs de Mballo Dia Thiam, l’« appel de 1976 » à la réunification des professionnels de santé, après la cassure « orchestrée » de l’UGTAN, en 1958. Adepte du syndicalisme « revendicatif et combatif », il s’était rangé, à l’époque, derrière Bakhao Seck, père fondateur du SUTSAS qui a préféré se démarquer de
Très vite, il gagne des galons de contestataires de la cause des professionnels de santé et intègre le Bureau Exécutif National du SUTSAS au Congrès Constitif de 1980. « Voilà quelqu’un qui peut beaucoup apporter au système de santé », croit Saliou Faye Daff. Alors, fort de son statut de membre es qualité du SUTSAS, Mballo Dia Thiam est porté à la tête de l’Union régionale du Syndicat en Casamance de 1981 à 1986. Période durant laquelle il « prend des muscles », après avoir posé les jalons de la création de l’actuel Centre diabétique de Ziguinchor. « C’est un véritable négociateur, un homme circonstanciel », apprécie Sidiya Ndiaye, Secrétaire Général du Syndicat Unique et Démocratique des Travailleurs Municipaux (SUDTM), par ailleurs Chef de file de la fédération générale des Travailleurs du Sénégal (FGTS).
En 1991, Mballo Dia Thiam est élu Secrétaire général adjoint du SUTSAS aux côtés de Bakhao Seck. Une « promotion » qui le fit quitter Ziguinchor pour rejoindre l’actuel Centre de santé Youssou Mbargane Diop de Rufisque. Deux années plus tard, coup de théâtre ! Il assure l’intérim à la tête du Sutsas. Ce sera pour sept mois, après le désistement de Bakhao Seck. Mais, au suivant Congrès, en 1994, Mballo est débarqué suite à « beaucoup d’intoxications » liées à sa jeunesse et sa chapelle politique. « C’est vrai que son attérissage au perchoir à l’époque a fait rougir des gens », se désole un de ses collaborateurs au SUTSAS.
Obsessions
Mais, toujours « soucieux » de son profil académique, il intègre, de 1994 à 1998, l’Institut supérieur de Management (ISM) où il décroche un Certificat d’Etudes Supérieures en Management des Organisations et un autre en Management de
Mballo Dia Thiam, cinquantenaire, polygame et père de sept « bouts de bois de Dieu » brandi aujourd’hui les acquis des années de lutte. « C’est nous qui sommes les premiers à avoir des bulletins de salaire où figurent les indemnités de risque et de suggestion », sourit-il, en plus des acquis substantiels et les protocoles parmi lesquels celui de Mai 2006 qui les oppose actuellement à l’Etat. « Il représente bien son syndicat et mène avec fierté son combat qui est d’ailleurs celui de tous les syndicalistes soucieux du mieux vivre des sénégalais », commente Sidiya Ndiaye. Seulement, se désole le Secrétaire général de
Décoré Chevalier de l’Ordre national du Lion en 2004, Mballo Dia Thiam confie être « actuellement » en année de mémoire au Centre Supérieur d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Des études qui seront sanctionnées « par un grand oral à Paris », à défendre dans le courant du mois.
Le Quotidien du Jeudi 17 janvier 2008.