Les contrecoups d’un tâtonnement politique
Si les syndicats de la santé exécutent leur menace, le secteur sera totalement perturbé pendant les 24 heures à venir. Ceci, en attendant la grève générale de 48 heures prévue la semaine prochaine. Des actions parmi tant d’autres arrêtées par les travailleurs du secteur pour se faire mieux entendre des autorités qui tardent toujours à satisfaire leurs revendications. Celles-ci tournent pour l’essentiel autour des questions d’application des accords de 2006 ; de l’amélioration des conditions de travail ; du relèvement du niveau de recrutement à l’Endss et encore l’érection des centres de santé en établissements publics de santé de niveau 1.
Par Mamadou Mika LOM | SUD QUOTIDIEN | jeudi 17 janvier 2008
En somme, des revendications qui jurent d’avec des intérêts que l’on pourrait qualifier de purement « égoïstes » puisqu’ils visent l’amélioration de la qualité des services et des soins des malades. Quoi alors de plus normal et de plus légitime ? Surtout en ces moments où les populations sénégalaises, ne mangeant ni à leur faim et vivant dans de mauvaises conditions d’hygiène et de salubrité, constituent des proies faciles à toutes sortes de maladies : paludisme, tuberculose, cancers, Sida, choléra…etc .
Ce qui, du reste, est visible à l’œil goudronné pour tous ceux qui fréquentent les structures de santé nationales. Là, il n’est parfois pas rare d’oublier son mal au vu de quelques malades qui se tordent de douleurs et qui parfois ne disposent d’aucune ressource pour s’acheter le moindre médicament. Alors qu’au même moment, il y a quelque part des privilégiés en train de remplir leurs dernières formalités administratives, soit pour aller accoucher en Europe ou aux Etats-Unis ou se refaire la dentition voire simplement se consulter par des spécialistes en France ou quelque part en Suisse, en Espagne une maladie bénigne. S’il vous plaît, la facture restera à la charge du pauvre contribuable qui n’a droit qu’à se faire engueuler par un aide-infirmier du poste de santé du village ou du quartier.
Comment faut-il qualifier cette forme d’injustice encore en vigueur sous nos cieux à la fin de cette première décennie du 3éme millénaire ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle découle d’un flagrant tâtonnement dans la gestion de la politique de santé publique. Un secteur où en fait, rien n’est pris au sérieux. Il faut en juger par le nombre de ministres qui se sont succédé à la tête du département depuis l’avènement de l’Alternance en 2000. Des ministres dont aucun n’a eu le temps de réfléchir et d’asseoir une politique viable pour sortir le secteur de sa léthargie. Préoccupés par des activités purement politiques, certains d’entre eux, ont toujours confondu la méthode de gestion de ce secteur très sensible avec le sophisme politique vide de sens. Or, en matière de santé, il n’y a pas de place pour la tricherie.
Les performances du système dépendent de trois choses : la rigueur dans la gestion, l’existence d’un plateau technique de qualité et un personnel médical qualifié. Or, si le Sénégal qui a formé les meilleurs médecins de la sous-région et qui continue d’en pourvoir à beaucoup pays de cette denrée de qualité, n’a rien à envier à d’autres ; pour ce qui est par contre des deux autres critères, nous traînons loin à la queue. Le système continue d’en payer un lourd tribut avec des épidémies de choléra et des maladies comme la tuberculose, le paludisme… qui continuent de faire des ravages au sein des couches les plus vulnérables.
Au même moment, nos structures sanitaires étouffent de personnels vêtus de blouses blanches et dont on ne connaît ni l’origine ni le statut, encore moins l’utilité. Il semble qu’ils sont tous issus des recrutements opérés à la pelle par « les haut d’en haut » sur la base de critères purement clientélistes.
Conséquences, les hôpitaux sont au bord du gouffre et la qualité de leurs prestations est drastiquement réduite. Quelle solution à ce mal ? Confier le secteur à des professionnels qui n’ont rien avec la chose politique, par exemple !